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Un peu de biologie appliquée

Dernière mise à jour : 5 août 2022

Lorsque l’on parle de biologie en rapport avec les chiens, on pense quasi systématiquement à l’anatomie ou même aux maladies. Dans les faits, la biologie peut être considérée sous un aspect très différent et s’avère être très utile au quotidien avec les chiens, que ce soit pour les séances éducatives ou pour de la gestion comportementale. Dans le détail, c’est le cerveau qui va particulièrement nous intéresser, ou plutôt les cerveaux…


Trois cerveaux en un


Chez les mammifères le cerveau est composé de trois parties distinctes :

  • Le cerveau primitif ou reptilien, qui gère la physiologie du corps.

  • Le néocortex, qui est ce que l’on nomme communément la matière grise, qui gère l’intellect. C’est cette partie du cerveau qui prend l’information venant des 5 sens, et qui décide de ce qu’il doit en faire. Une erreur souvent commise est de croire que le néocortex fait tout le travail (certainement parce qu’il représente la plus grande partie du cerveau), mais en fait il ne sert pas à grand-chose… Réflexion, raisonnement, association, il accumule des informations qu’il mémorise sur le court terme, il organise l’action et gère les décisions de l’instant présent, et c’est tout !

  • Le système limbique dans lequel tout le reste va se passer. Entre autres choses, le système limbique gère les émotions. Il est le siège des hormones, le chef d’orchestre des réactions du corps.


Le système limbique


Le système limbique est le centre de la motivation, donc lorsque l’on veut motiver un chien, il faut aller l’interpeler dans son système limbique pour entrer en contact avec lui dans ses instincts et non dans notre culture.


Pour bien communiquer avec les chiens au quotidien, il faut donc parler au système limbique… Oui vous avez bien lu, nous allons parler à un cerveau. Pour le faire, il va falloir apprendre comment fonctionne cette partie du cerveau, et quel langage utiliser. Pas de panique, cette langue étrangère n’est pas si difficile à apprendre; laissez-vous guider…


Ce qui se passe dans le système limbique a un impact sur la mémoire à long terme ET cellulaire. Il peut être à l’origine de maladies psychosomatiques et aussi de maladies émotivo-somatiques (maladies reliées à l’émotion qui s’expriment à travers le corps).


Le système limbique a une influence sur la génétique, car il stocke de l’information par rapport à l’espèce à laquelle il appartient (oiseau, chien, panthère, etc..). Si une vache agit comme une vache, un oiseau comme un oiseau, un humain comme un humain, etc, c’est parce que le système limbique oriente cela.


Quand il emmagasine de l’information, c’est pour sa survie immédiate et du quotidien, mais c’est aussi stocké à long terme dans la mémoire cellulaire de l’organisme et dans la mémoire biologique de l’animal. Les informations du système limbique seront donc transmises par la reproduction, de génération en génération. C’est notamment ce qui explique le principe de l’évolution des espèces.


Le système limbique sert à entrer de l’information, et le corps retient cette information, non pas depuis la naissance d’un individu, mais depuis toujours. D’ailleurs, quand un fœtus se développe, on voit tout le processus d’évolution, du commencement de la vie animale jusqu’à l’individu à naître.



Système limbique & problèmes de comportement


Le système limbique influence le néocortex. Mais la réciproque n’est pas vraie !!

Le néocortex va gérer la décision de l’instant présent alors que le système limbique va accumuler le maximum d’informations possibles pour aider le corps à bien vivre au quotidien, mais aussi pour aider les générations futures à mieux fonctionner.


Pourquoi le malinois vient au monde malinois ? Pourquoi le chihuahua vient au monde chihuahua ? Simplement parce que le système limbique est programmé ainsi !


Une des raisons qui font que les chiens modernes ont de plus en plus de problèmes comportementaux, c’est que la société humaine veut les changer, qu’elle souhaite les modeler à son image civilisée. Ce qui pose alors problème c’est que le côté sauvage du chien à besoin de s’exprimer !! En s’adressant au « mauvais cerveau » l’humain engendre un conflit dans l’esprit du chien. Son néocortex va alors lui dire : “ne fait pas ça “, “Marcel t’a dit de ne pas creuser”, mais en même temps son système limbique lui répond “oui, mais je suis un chien et j’aime ça !! J’en ai besoin…”.


Une analogie humaine permet de comprendre aisément ce principe : Qui n’a jamais vécu une expérience où le cerveau disait “ne fait pas ça, ce n’est pas bien, qu’est-ce que les autres vont penser” ? Alors que le système limbique -la pulsion animale- faisait que l’envie était tellement forte que vous l’avait fait !!


Ce conflit interne est encore pire pour le cerveau du chien car la culture que l’humain lui dicte n’est pas la sienne…


On demande au chien de “s’exprimer”, mais pas trop. Il doit respecter des règles qui ne sont pas les siennes, car nous oublions qu’il faut privilégier l’instinctuel au culturel (prenez l’exemple du chien qui se roule sur une charogne).


Comprendre le chien commence par comprendre qu’il est différent de nous, et l’accepter !!


L’impact du système limbique


L’émotion sert à diriger l’organisme…


La biologie totale nous apprend que le système limbique bloque les émotions négatives non exprimées. Prenons l’exemple d’un chien qui aboie sur les passants. Si on l’empêche de le faire, on bloque une émotion qui sera mémorisée au niveau cellulaire et qui ressortira sous forme de mal-être ou de maladies, et cela va se transmettre héréditairement, de génération en génération.


Le système limbique a un effet de résonnance sur le bien-être et le comportement par le biais d’événements programmant et déclenchant.


L’ événement programmant est tout événement, si anodin soit-il, qui aura un impact sur l’expression d’un comportement à venir. Par exemple, si la première fois que Titou voit un chien blanc il se fait violemment agresser, dans son système limbique le chien aura toujours une réaction de peur face aux chiens blancs. En fonction de ses expériences propres et de son hérédité, la résilience sera différente (attaque, fuite, miction, etc…). Tout ça va être engrammé dans le système limbique.


L’événement déclenchant, celui qui amène l’animal à avoir une réaction, n’est pas sous l’influence du cerveau néocortex. C’est le système limbique qui va s’imposer pour la mise en place du comportement. Il sera même plus fort que les ordres de l’humain qui va s’adresser au néocortex. Pour poursuivre l’exemple cité ci-dessus : Quand Titou va croiser à nouveau un chien blanc son système limbique lui dira “je sais que ma survie en dépend, donc je dois produire tel comportement”, et l’humain n’aura que peu d’emprise pour empêcher/ modifier le comportement de Titou s’il ne trouve pas la source du problème ou s’il ne s’adresse pas au bon cerveau. C’est le système limbique qui contrôle le comportement car la rétroaction biologique est hors de contrôle du néocortex.



Agir sur le système limbique


Il faut aider le chien à être heureux dans la société…


Par instinct, de quoi a besoin un chien ? Sentir, courir, gratter, creuser, marquer, se rouler sur une charogne, etc… il aime ça !!

Malheureusement, l’humain demande à son néocortex de ne pas toucher à ci ou ça, de ne pas faire ci ou ça, et il lui transmet des messages ressemblant beaucoup à “j’apprécierais beaucoup que tu n’exprimes pas tes qualités de chien, et là, tu seras un chien à l’image de ce que j’ai idéalisé”. Dans le fond, il s’agit de maltraitance, ni plus ni moins ! Il faut accepter que le chien soit différent de l’humain dans ses besoins, presque autant qu’il l’est par sa morphologie !! Notre société permet à une femme d’être féminine, on permet à un homme d’être masculin, permettons au chien d’être un canidé !!


Il est donc très important de bien comprendre le fonctionnement du système limbique, car toute la programmation que l’on pourra faire sur les comportements et conditionnements du chien va en dépendre.


Le système limbique est le siège le la mémoire, des émotions, et de l’apprentissage. La mémoire à court terme, car il est en contact avec le néocortex, et à long terme, car il gère la survie individuelle et la survie de l’espèce. Vu que c’est là que se fait l’apprentissage pour la vie quotidienne et des générations futures, il est important de bien entrer en relation avec le système limbique.


Juste travailler avec le néocortex fonctionne, mais on se coupe alors de beaucoup d’atouts et on risque de créer de la frustration, des mal-être et maladies à long terme. Pour sa propre survie ou son bien-être immédiat, le chien va faire ce que l’humain lui ordonne, comme ne pas se rouler sur une charogne par exemple. Mais pour la survie de l’espèce, son système limbique fera qu’il produira le comportement dès que possible, comme retourner se rouler sur la charogne dès que l’humain aura le dos tourné.


Gardez à l’esprit que ce n’est pas de la désobéissance, c’est un besoin.


ATTENTION !

Tout ceci ne veut pas dire qu’il faut toujours laisser le chien faire ce qu’il veut. Il y a des périodes à définir, un équilibre à trouver entre les besoins de chacun, chien et humain. La connaissance de chacun des protagonistes (soi et le chien) est la clef qui mène chaque binôme à l’harmonie.

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