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Chiots, quand nos bonnes intentions détruisent leur développement !


Crédit photo : Photo by Yeshi Kangrang on Unsplash

Dans cet article, je vais vous parler de quelques erreurs que nous commettons depuis le plus jeune âge des chiens, et qui en guideront beaucoup vers des problèmes relationnels.


Dès l’arrivée du chiot dans son foyer, notre obsession va être de le protéger, de lui offrir un développement optimal, et de lui apprendre à bien se comporter.

Et malheureusement, ces bonnes intentions seront souvent le point de départ de nombreuses difficultés qui émergeront à retardement. Non pas que nous soyons particulièrement mauvais, mais simplement parce que nous pensons comme des humains, avec une notion du temps qui ajoutera de la confusion à notre méconnaissance.


Le chiot n’est pas encore arrivé dans son foyer, que nous prévoyons déjà comment nous allons l’occuper, le socialiser, et l’éduquer. Nous ne le connaissons pas encore, mais les plans de sa destinée sont déjà tracés dans notre esprit. Une magnifique anticipation théorique qui, bien que parfois de façon très discrète, va inexorablement entrer en collision avec une réalité pratique bien différente.


Nous savons, parce que nous l’avons lu ou que l’éleveur nous en a parlé, qu’il ne faudra pas rater la socialisation, et que nous avons un temps limité pour cela. Notre réflexe humain va donc être de montrer plein de choses nouvelles au chiot, de lui faire vivre plein de situations… Vite, beaucoup, vite, beaucoup, vite, beaucoup…


Et un jour, nous nous demandons pourquoi… Pourquoi notre jeune chien est excessif, vif, trop actif.



Nous nous questionnons en oubliant l’époque pas si lointaine où, avant même de créer une relation permettant une sécurisation émotionnelle, un apaisement mental, nous l’avons plongé dans un flot quasi permanent de découvertes plus impactantes les unes que les autres.

Un flot d’émotions vives, rapides, excessives, que notre accompagnement maladroit a contribué à renforcer, notamment par des félicitations amplifiées proportionnellement à la force des émotions déjà à l’œuvre.


J’ai eu la chance d’accompagner de nombreux chiots dans leur découverte du monde, et pour ma part il est admis que créer une relation de confiance avant d’accompagner le chiot dans un monde de découvertes, et lui laisser réellement le temps -donc le prendre soi-même- de se sentir calme vis-à-vis d’un nouveau stimulus avant d’enchaîner, sera déterminant pour sa gestion émotionnelle future.

Avant d’aller plus loin dans la lecture de cet article, je vous invite à observer autour de vous et à compter combien de jouets votre chien possède, combien sont à utiliser en solitaire, combien sont naturels ou ont été volontairement choisis par votre chien…


Poursuivons avec notre chiot à qui, à présent, nous demandons de faire précisément l’inverse de ce qui est naturel dans le développement normal d’un chiot : Expérimenter.


Bien-sûr, nous avons tous une bonne raison d’intervenir ! Avoir un chiot dans nos jambes peut être encombrant, anticiper et stopper une potentielle bêtise est utile, l’empêcher d’agir lorsque nous présentons un danger est indispensable, mais en faisant cela nous perturbons le développement normal du chiot qui consiste à essayer et faire des erreurs.


Et un jour, nous nous demandons pourquoi… Pourquoi notre jeune chien ne supporte pas d’être seul et qu’il a besoin de nous tout le temps.


Nous nous questionnons en oubliant l’époque pas si lointaine où nous intervenions, sans y être invités, dans chacune de ses expériences de vie.

Il avait besoin de se vider, nous agissions pour le sortir.

Il avait besoin de manger, nous lui apprenions à attendre une action de notre part. Il avait besoin de ronger quelque chose, nous intervenions pour le réorienter ou le féliciter.


Vous l’aurez compris, d’un côté nous conditionnons notre chiot au fait que l’on interviendra dans la moindre expression de ses besoins, et quelque temps plus tard nous nous interrogeons, voire l’accusons, quant à son incapacité à se gérer un peu tout seul. Créant au passage ce que beaucoup considèrent comme étant une crise d’adolescence qui n’est finalement que la somme de nos défaillances additionnée à un besoin naturel d’émancipation chez les mammifères en fin de « croissance ». Mais je vous épargne une digression à ce sujet pour le moment.



Concernant l’expérimentation, dans la mesure du possible, préférez consacrer votre énergie à une sécurisation de l’environnement, à un partage de découvertes et d’activités, plutôt qu’à une gestion directe du chiot. En d’autres termes, il sera plus intéressant pour son développement de proposer un environnement où les risques seront présents et adaptés à votre chiot, et de prendre le temps de l’observer pour ajuster la fois suivante, plutôt que d’intervenir dans ses comportements parce que l’environnement est inadapté.


Attention, je ne cherche aucunement à véhiculer le fait qu’un chien ne doit pas être éduqué et encadré. Il y a simplement, à mon avis, un temps pour tout. Et malheureusement le développement naturel me semble trop souvent être bien moins considéré qu’il ne le devrait.


Voici une dernière situation que l’on retrouve dans pratiquement tous les foyers accueillant un chiot, et qui trouve pratiquement toujours le même conseil parfois lourd de conséquences quelque temps plus tard.

Parce qu’il est certain que le monde du chien s’auto-détruit par le fait de ne jamais parvenir à simplement accorder des visions différentes -qui ont pourtant un même objectif-, mais quand il s’agit de faire une connerie, nous sommes tous au diapason, c’est assez prodigieux…


Votre chiot se met à ronger les meubles et autres affaires humaines. Il découvre, il expérimente, il apprend à trouver et à laisser de lui-même, sans donner particulièrement d’importance aux objets… contrairement à nous !


Et que faisons-nous inlassablement lorsque notre chiot se « fait les dents sur nos biens » ? Que ce soit accompagné de bons ou mauvais sentiments, dans le relativisme ou l’agacement, généralement avec la vivacité d’un rapace fondant sur un rongeur… Nous le réorientons vers des objets plus adéquats. Des objets bien à lui.


Et un jour, nous nous demandons pourquoi… Pourquoi notre chien est devenu possessif, protégeant autant que possible ce qu’il considère comme des «ressources à défendre».


Nous nous questionnons en oubliant l’époque pas si lointaine où nous l’avons initié, sans en évaluer l’enjeu, à des notions de possession et d’exclusivité.

Ceci de façon inévitablement incohérente pour des animaux évoluant dans un monde d’abondances, négligeant le fait que nos interactions auront un impact important dans le développement social de nos jeunes compagnons.


Une fois encore, il n’est pas question pour moi de vous faire croire qu’il est acceptable que votre chiot se nettoie les gencives avec les talons de vos escarpins louboutruc.


En prenant le temps d’agencer l’environnement, en prenant le temps d’accompagner le chiot vers une autre activité ou une autre « cible » ensemble, ce sera bien plus efficace et bénéfique à long terme, tout en préservant vos affaires et sans créer chez votre chiot une voie vers la protection de ressources. Cette dernière aura bien d’autres occasions de se manifester, mais plus ce sera tard et superficiel, à l’inverse d’un conditionnement précoce, moins sa gestion sera complexe.


L’apprentissage de ce qui ne doit pas être détruit/touché pourra alors se faire de manière plus adaptée, en tenant compte également des potentielles conséquences.


Cette liste n’est bien-sûr pas exhaustive, mais dans tous les cas il est possible de trouver un dénominateur commun à nos erreurs canines : notre gestion du temps !


Souvenez-vous que plus nous impliquerons la notion de « temps actif partagé » dans notre intégration et éducation des chiots, plus nous nous rapprocherons de ce qui est naturellement bon pour leur développement.

Quelques exemples d’agencement et d’accompagnement :


Ce que vous laissez « traîner » chez vous, à la portée de votre chiot, peut être volontairement destiné à ses petites dents.


Il commence à ronger une de vos affaires, prenez une des siennes, montrez-lui un intérêt démesuré, il va naturellement y venir aussi. Et si en plus vous prenez quelques instants pour partager cet objet au lieu de le disputer, votre relation et son importance en seront renforcées.

Il démarre une activité qui ne vous convient pas, proposez-lui-en une autre à réaliser ensemble. Pas obligatoirement longtemps, mais le fait de partager une activité sera bien meilleur pour vous que de juste le rediriger vers une activité solo.

Votre chiot semble apprécier d’aller chercher vos affaires dans les placards et les poubelles, sur les tables ou les lits, le temps qu’il apprenne, placez-y des objets qui lui seront bénéfiques. De cette façon tout le monde trouvera une satisfaction à ce qui pouvait se présenter comme un problème. Mieux encore, s’il aime aller fouiner dans une poubelle, il peut être intéressant de lui fabriquer une « poubelle à recherche » avec un récipient « casse-tête » qui renfermera des récompenses. Vous irez ainsi dans le sens de ses besoins en vous préservant, et pourrez utiliser ce jeu comme un support d’apprentissages.



En travaillant cet apprentissage plus tard, il sera plus facile de l’adapter vraiment au chiot qui est face à nous et à son environnement de vie.

Et comme nous connaîtrons mieux le chiot, nous pourrons considérer à quel point nos interdictions sont utiles pour nous, mais vont à l’encontre de ses propres besoins. Ce sera donc plus facile de trouver un certain équilibre.



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